Grève étudiante

1984

Au début des années 1980, de nombreuses actions du ministère de l'Éducation sèment le mécontentement chez les étudiantes et les étudiants du Collège de Sherbrooke et de plusieurs autres cégeps. Entre autres, les Projet de règlement des études collégiales (PREC), par lequel le ministère ajoute dans les cégeps des cours obligatoires d'histoire, de mathématiques et d'économie et oblige le diplôme d'études secondaires pour l'admission au Cégep est fortement critiqué par la population étudiante. Le Règlement de vie étudiante qui permet, selon l'AÉCS, de renvoyer les personnes « jugées indésirables »  apporte également une grande frustration.

Et ce n'est pas tout : en 1982, le ministère de l'Éducation annonce une augmentation de 10,5 % des prêts et un gel des bourses, alors que le taux de chômage chez les 18-25 ans en Estrie est extrêmement haut. En 1983, la Loi sur l'accréditation des associations d'élèves ou d'étudiants est adoptée, encadrant la création et la reconnaissance des associations : on y voit alors une volonté de contrôle de la part du gouvernement.

À l'interne, de nombreuses circonstance attisent la colère des étudiants et des étudiantes contre la directeur général du Collège, comme le déménagement du café étudiant, la hausse des frais d'inscription et le refus de verser la cotisation étudiante à l'AÉCS.

La combinaison de tous ces événements mène à une grève en 1984, votée à 85 % par les 3 000 personnes présentes à l'assemblée générale organisée par l'AÉCS. Tous les cours et les stages sont mis sur pause, et, dès le lendemain, l'AÉCS occupe tous les pavillons. Les étudiantes et les étudiants manifestent, des lignes de piquetage son tenues et le Cégep est ouvert seulement pour les assemblées de l'association étudiante. 2 membres de l'AÉCS et une citoyenne sherbrookoise tiennent même une grève de la faim jusqu'au 9 avril et 200 membres de l'Association étudiante occupent les locaux de Radio-Canada à Montréal avec 500 autres étudiants et étudiantes.

Le retour en classe est voté le 16 avril, lorsque le ministre de l'Éducation promet de réfléchir aux prêts et bourses au courant de l'été. Le Collège prolonge toutefois sa session de deux semaines, et le déroulement de la grève ainsi que la méfiance qui s'est installée envers la direction vont durer longtemps.

Photo : Des étudiants et des étudiantes manifestent.